Une des questions que je rencontre le plus souvent avec le choix de vie d’avoir des enfants, outre celle du nombre d’enfants voulus, est la question de les avoir rapprochés ou non, soit de savoir, est-ce qu’il y a un écart d’âge optimal entre les enfants?
J’étudie la question depuis plusieurs années. Lorsque nous discutions avec mon chum du nombre d’enfants, nous savions que nous voulions une grosse famille. Lorsque ce fut plus facile avec mes jumeaux, lors de leur un an, je me demandais quel intervalle serait le mieux pour notre famille pour un autre enfant.
Et j’ai épluché des livres, et collecté des conseils et anecdotes en masses.
À leurs lumières, je ne crois pas qu’il y ait une seule bonne réponse. Pour une famille, un petit intervalle serait mieux, pour une autre, un grand, et pour les familles nombreuses, de nombreux choix d’intervalles s’offrent. Par contre, quelques pistes peuvent nous aider lorsque nous sommes devant ce choix. Même si nous faisons le choix, au final, de s’en remettre à la nature…
La santé de la mère et du nouveau-né
– La santé physique
Des études sur la santé de la mère et du nouveau-né suggèrent que la période idéale serait de 3 à 5 ans d’intervalle. Cependant cette étude a été menée dans des pays chez qui il pourrait y avoir une moins bonne nutrition que chez celles plus “modernes”, et l’écart de bonne santé n’est pas si grand pour un intervalle de 2 ans et plus.
D’ailleurs, un enfant allaité à la demande, sans interruption, favoriserait naturellement un retour de couches tardif, allant même jusqu’à quelques années. La période naturelle selon notre biologie serait donc d’avoir au moins une année d’écart, et d’avoir retrouvé nos nutriments avant d’être enceintes.
Il y a aussi la santé en cours de grossesse. Je savais qu’un bon intervalle serait bien car je dois être au repos le plus possible et ne pas soulever de charges en cours de grossesse. Attendre l’autonomie des plus vieux est peut-être à considérer dans votre cas aussi.
Il y a la question de l’âge de la mère, chez qui on s’entend pour dire qu’il y a plus de risques pour elle et le bébé en général en haut de 35 ans. C’est aussi vers cette période qu’il peut y avoir des doubles ovulations pour favoriser la fécondation avant un âge critique pour la santé. Mais il y a des exceptions et plusieurs femmes n’ont aucun problème avec une fécondation dépassée la quarantaine.
Dernièrement, plusieurs études confirment qu’avoir ses enfants sur le tard pourrait ne pas être dommageable. Une étude de 2014 dénote que la fertilité dépassé l’âge de 33 ans double, et à plus de 40 ans, quadruple, les chances de vivre plus de 95 ans, pour les femmes. Ceci serait causé par un système reproductif qui vieillit plus lentement, et ce gêne pourrait être passé aux prochaines générations.
Une autre rapporte que les femmes agées de plus de 35 ans ont moins de chances d’avoir un enfant avec des malformations congénitales majeures, après avoir exclu les anormalités de chromosomes.
En ce qui concerne le syndrôme de Down chez le bébé, le taux est significativement élevé chez les femmes qui attendent plus tard d’avoir leur premier enfant que chez les femmes enceintes plus agées qui ont déjà eu des enfants plus jeunes. Et il ne faudrait pas attendre plus de 5 ans, car les bénéfices d’avoir eu un enfant plus jeune s’estomperaient sinon.
Puis, le Dr. Keely Cheslack-Postava, chercheur en chef à l’Université Columbia de New York, affirme que les enfants qui sont conçus moins de 1 an ou plus de 5 ans après le dernier enfant sont plus à risque d’être autistes.
J’ai souvent entendu des anecdotes sur la patience et la santé dans la vingtaine versus la quarantaine. Et elles sont parfois contradictoires! Certaines mères disent qu’elles avaient plus d’énergie dans la vingtaine, les nuits écourtées étaient moins difficiles, mais on peut oublier qu’on avait moins d’enfants à s’occuper dans ce cas, et ça compte, définitivement. De même pour la patience, certaines femmes dans la quarantaine assurent qu’elles ont plus de patience, de plaisir, et d’énergie car elles prennent bien le temps de faire leur rôle et se fichent du qu’en dirait-on et du retour au travail.
Le mieux qu’on peut faire est d’étudier ces variables de santé et se connaître pour faire un choix éclairé.
– La santé mentale
Êtes-vous introvertis ou extravertis dans votre famille? Cela est pertinent de le considérer. Une mère introvertie pourrait avoir besoin d’un plus grand intervalle pour prendre soin de son besoin de tranquilité. Au contraire, une mère extravertie pourrait s’ennuyer si les enfants ne sont pas rapprochés et qu’il n’y a pas beaucoup d’action dans la maison.
Le lien d’attachement est aussi à considérer. Nous avons pris plus de temps pour s’assurer que le lien d’attachement pour chacun de mes jumeaux était sécurisé avec moi, pour ne pas qu’il y ait un manque, car ils ont du me partager dès leurs premières minutes et je ne voulais pas qu’il se forme un lien d’attachement parental palliatif entre eux, ce qui aurait été moins bon pour tous.
La vie de couple
Ce qui est à considéré aussi dans le choix d’avoir des enfants rapprochés est la santé du couple.
Car élever des enfants est un des événements qui semblent pouvoir rapprocher ou briser des couples. Des études chez les parents de jumeaux disent qu’il y a plus d’incidences de dépression postpartum (burnout, selon moi) et qu’il pourrait y avoir un risque de séparation plus élevé. Aussi, l’indice de bonheur décroît selon les perceptions des parents dès la première grossesse (livre Stumbling on Happiness), pour remonter quand les enfants quittent la maison.
Cependant, si l’on s’assure que c’est vraiment un projet de vie commun, avoir des enfants peut rapprocher le couple et donner un sens de communauté et une mission. Il faut juste s’assurer si on le peut que notre planification familiale est adaptée pour notre couple. Un environnement aimant est gagnant pour tous.
La vie de famille
Je savais que je voulais rester à la maison si possible pour m’occuper des enfants en bas-âge et des quelques tâches connexes. Selon les études et notre situation, je savais que c’était le meilleur choix.
Mais je n’avais pas pris en considération que mes enfants n’iraient pas à l’école! Ça peut changer une dynamique familiale d’être tout le temps ensemble, pour le meilleur ou pour le pire.
Avoir des enfants rapprochés ou non dans ces situations amènent d’autres questionnements.
Avoir des enfants rapprochés peut favoriser le jeu entre eux. Mais aussi les chicanes! Mes jumeaux sont des meilleurs amis, mais aussi adorent se batailler – ça teste une patience. Les premières années avec des enfants rapprochés testent aussi les limites de notre sommeil. Si personne ne peut vraiment nous aider, nous avons à tout gérer comme parent à la maison, sans pause.
Mais des enfants rapprochés avec des mêmes intérêts, ils pourraient rester plus proches et meilleurs amis à travers la vie. C’est un aspect à considérer si l’on souhaite que la fratrie soit proche, en additionnant nos bons soins pour favoriser ces liens. Il y a aussi que l’on condense ensemble les années de sommeil léger, d’apprentissage de la propreté, et autres, pour en ressortir plus rapidement. Par contre, comme l’accumulation de capital n’est pas espacé pour les familles à budget serré, les ressources peuvent être limitées pour chaque enfant, comme les inscriptions aux activités, si elles ne sont pas les mêmes en plus, être plus difficiles à gérer.
Avoir des enfants “éloignés” peut vouloir dire d’avoir à jouer plus avec eux pour les désennuyés. Mais ils ont aussi plus de temps pour eux avec un parent, et vice-versa, nous profitons davantage de petits moments avec eux. Un enfant plus âgé est plus autonome lors de la naissance d’un nouveau bébé, ce qui peut aider. C’est possiblement plus facile pour le parent, même si les années de sommeil léger et d’apprentissage à l’autonomie de tous sont délayées. On peut aussi possiblement avoir plus de ressources pour chacun.
Mais les enfants éloignés peuvent possiblement être moins proches durant leurs jeunesses dû à des intérêts différents. Cet écart peut être rattrapé ou non selon nos habitudes familiales et les personnalités des jeunes personnes.
Il y a d’autres facteurs à noter, spécifique à notre famille. Par exemple, peut-être qu’un de vos enfants a des besoins particuliers qui peut vous faire revoir l’écart avec un prochain, et même considérer arrêter la famille au nombre d’enfants que vous avez présentement.
Le mouvement Quiverfull, ou laisser le choix au destin
Qu’en est-il si nous préférons nous fier à la nature, ou pour les croyants, à Dieu, pour la [non] planification? Peut-être avez-vous eu des troubles à trouver un bon conjoint, des problèmes de fertilité, ou une réticence à concevoir, jusqu’à maintenant?
J’étudie beaucoup cette possibilité ces temps-ci. Je ne suis pas religieuse mais je crois vraiment, suite à plusieurs expériences personnelles, à une conscience de l’univers, qu’on peut appeler dieu, et un ordre bienfaisant dans celui-ci. Et je crois que nous avons chacun un chemin de vie tracé, que l’on peut décider de suivre ou non à un certain degré.
Un des mouvements qui rejoint mes pensées est le mouvement chrétien des Quiverfull, qui laisse la fertilité entre les mains de la nature, ou Dieu. Ceux qui y adhèrent laissent leur fertilité non-planifiée ou libre de moyen de contraception. Ils acceptent les enfants, ou la destinée de ne pas être capable d’en procréer, comme des cadeaux de l’univers. Ce que les jeunes personnes sont vraiment, quand on y pense – des miracles de la nature, et un honneur de nous les avoir confiés.
C’est un changement de cap assez renversant pour ceux qui ont été élevés avec les apports du féminisme, ou hors religion. Mais je crois que c’est vraiment post féministe, car ce semble embrasser notre rôle et notre biologie. C’est quand même un peu terrifiant si notre foi n’est pas forte. Il reste à me décider sur le sujet pour faire un choix les yeux et le coeur ouverts, et c’est un choix qu’il faut faire avec notre conjoint aussi.
Le verdict?
En résumé, il serait préférable d’avoir un enfant avant la mi-trentaine pour les femmes, espacés selon notre biologie naturelle sans dépasser les 5 ans, si c’est possible. Il est aussi pertinent de savoir si l’on adhère à la non-planification familiale. J’espère que cet article peut éclairer votre choix!
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Questions clés
– Êtes-vous prêt, au niveau de la santé, du couple, et de la famille, à avoir un (autre) enfant?
– Préférez-vous la planification ou suivre l’ordre naturel?
– Quels sont les avis sur l’espacement, chez les familles et les proches de votre entourage?
Il serait intéressant de nous partager vos témoignages et questionnements dans les commentaires.
Sources:
Boston University Medical Center. “Reproduction later in life is a marker for longevity in women.” ScienceDaily. ScienceDaily, 25 June 2014.
“Birth of Twins and Parental Divorce.” Anupam B. Jena, M.D., Ph.D., Dana P. Goldman, Ph.D., and Geoffrey Joyce, Ph.D, April 2011.
CATALYST CONSORTIUM. “Optimal Birth Spacing.” Optimal Birth Spacing Initiative, July 2002.
GILBERT, Daniel. Stumbling on Happiness.
Society for Maternal-Fetal Medicine. “Women 35 and older are at decreased risk to have anatomically abnormal child, study suggests.” ScienceDaily. ScienceDaily, 3 February 2014.
Springer. “Age Not Only Factor In Down Syndrome: Number And Age Of Existing Siblings Are Also Influential.” ScienceDaily. ScienceDaily, 16 October 2006.
Natalie Klejwa (Author), Carmon Friedrich (Author), Stacy McDonald (Author), Jeannette Paulson (Author), Terry Covey (Author), Molly Evert (Author), Yvonne Harink (Author), Donielle Baker (Author), Regina Brott Sue Liesmaki (Author), Heather Olsson Ruth Einfeld (Author). “Three Decades of Fertility: Ten Ordinary Women Surrender to the Creator and Embrace Life.”
Voir mes autres articles sur la vie de famille.