L’enfant, héritier du « nous »

L'enfant, héritier du "nous" - Voici ce que nous pouvons faire contre le malheur et la détresse de nos enfants

Anxiété, dépression, trouble sensoriel, d’opposition, de langage, d’apprentissage. Experts, course folle, professionnels, diagnostiques, consultations, prescriptions, plan d’intervention, médication…

Ok! On connaît le topo.

Maintenant…

Travail à temps partiel, simplicité, savoir être, savoir faire, savoir découvrir, savoir aimer. Expéditions en forêt, en nature, en famille. Jeux, temps libres, amitiés sincères, entraide, accueil, rebâtir nos communautés…

Oui! Ça fait du sens. Pourquoi ne pas y aller?

Chaque jour, la plupart d’entre nous dans les pays occidentaux constatons que la société dans laquelle nous vivons échoue à rendre les individus qui la composent heureux. Même et surtout les enfants y sont plus ou moins en détresse. Les troubles anxieux commencent souvent dès l’entrée en garderie et grandissent bon an mal an avec l’enfant. Des enfants de 6, 7, 8 ans en dépression, ce n’est plus rare. Les troubles de toutes sortes sont entrés dans les chaumières avec les recommandations des experts.

Bien souvent, les familles se retrouvent dans le néant entre le diagnostique et l’attente de soutien, qui parfois ne vient jamais. Quand il vient, les recommandations proposées ne se transposent pas toujours dans le réel de l’enfant.

Nous avons parfois l’impression que nos enfants sont affligés d’un nouveau fléau et que cela est en dehors de notre contrôle. Il apparaît qu’ils sont de plus en plus nombreux à éprouver des « troubles » de toutes sortes.

Malgré qu’on leur impose LE programme, de l’encadrement jusque dans la boîte à lunch et dans l’imposition de jeux dirigés pendant la trop courte récréation. Que de moins en moins d’entre eux entrent aux études post-secondaires en maîtrisant leur langue et en ayant la capacité de réfléchir de manière autonome.

Pourtant, ce que nos enfants expérimentent n’est que l’aboutissement du chemin que nous avons emprunté collectivement. Nous l’avons emprunté ce chemin. Nous ne sommes pas tenus de le garder. Nous avons le choix de changer de chemin, si tel est notre désir.

Individuellement et collectivement, nous avons de sérieuses questions à nous poser.

Posons-nous-les!

L’extraordinaire capacité d’adaptation des enfants, est-ce possible que ce soit un mythe?

Est-ce possible que mon enfant peine à s’adapter au rythme que je lui impose?

Est-ce que la vie de mon enfant fait du sens pour lui?

Est-ce que le besoin de solitude, d’initiative et de liberté de mon enfant est respecté?

Est-ce qu’imposer un ordre précis dans les apprentissages de l’enfant contribue à éteindre son élan vers le savoir?

Avons-nous réellement besoins de travailler à temps plein?

Sommes-nous capable de vivre avec plus de temps et moins d’argent?

Pourquoi l’État m’offre un généreux crédit d’impôt si j’utilise un service de garde alors que je ne reçois absolument rien si je prends soin d’éduquer et soutenir moi-même mon enfant?

Pourquoi il m’en coûte 2 fois plus cher de stationner ma voiture pour 3 heures que de faire garder mon enfant toute la journée?

Pourquoi imposons-nous un programme « éducatif » aux bambins plutôt que de leur offrir un milieu riche à explorer?

Pourquoi l’État souhaite imposer la maternelle à 4 ans?

Les enfants en ont déjà assez d’être sans cesse encadrés, évalués, entraînés à être évalués, faut-il vraiment en rajouter?

À qui ça rapporte tout ça?

Que devons-nous changer dans nos quotidiens pour faire du sens?

Qu’est-ce que je peux faire pour reprendre le contrôle de ma vie?

Suis-je encore capable de m’émerveiller?

Suis-je un exemple positif pour mon enfant et ma communauté?

Une communauté, c’est quoi ça?

C’est de plus en plus rare, n’est-ce pas?

Les perrons d’églises avaient de bien qu’ils rassemblaient tout un chacun du village. Tout un chacun qui se sentait appartenir à un tout. Autour de l’église se tissaient des groupes d’entraide. Les familles bénéficiaient de l’expérience concrète des autres en plus de recevoir du soutien en cas de besoin.

De maman en maman se passait un savoir et surtout un respect pour l’intuition (ce que le cœur d’une maman sait sans qu’elle ait besoin de l’avoir lu ou entendu). Ces communautés se sont effritées, laissant un espace vacant que nos experts, le matérialisme et les médias ont comblé.

Si bien que de maman en maman, on se conseille (trop souvent virtuellement) un titre de livre ou d’article, on se partage un lien vers une méthode, on donne une référence pour consulter un spécialiste, on doute et redoute de nos élans de lucidité car ils ne cadrent pas avec la théorie du moment.

On se sent souvent incompétentes devant ce qui est considéré comme un problème de développement ou de comportement de nos enfants. On s’en remet à ceux qui ne partagent pas nos valeurs, ne connaissent ni notre enfant, ni l’ambiance dans laquelle il évolue afin de guider notre marche à suivre. On travaille beaucoup pour avoir un peu plus. On délègue de plus en plus tôt l’éducation de nos enfants tout en se désolant du fait que le fossé est de plus en plus grand entre ce qu’on souhaitait inculquer à nos enfants et ce qu’ils expérimentent.

Le fossé ne s’est pas creusé seul. Devant la dérive, on impose, à la maison, à la garderie, à l’école, en société, de plus en plus de règles, de règlements visant à éviter les situations fâcheuses. Or, plus on encadre et réglemente tout, plus on dépouille l’individu de son sens des responsabilités. Se sentant moins responsable et maître de son existence, il s’en remet plus facilement à d’autres pour régenter sa vie. Ainsi va la vie qui va, comme disait Leloup.

Collectivement, nous ne ressentons plus l’unité, nous défendons peu nos convictions et ceux qui le font se font médirent dans l’anonymat du net.

Nous nous laissons étourdir par un flot de banalités qui nous détourne de l’essentiel et devant notre mal-être sans cesse grandissant, nous optons souvent pour la prescription plutôt que pour la remise en question.

Nous ne revendiquons pas une réelle démocratie, ni même des institutions qui ne croulent pas sous le poids de la bureaucratie.

Ainsi l’enfant, héritier de ce que nous lui léguons, devient ce que nous sommes.

 

Julie Roux

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