Je te regardais découvrir le monde aujourd’hui, mon bébé.
J’aurais pu te regarder pendant des heures.
Bien c’est ce que j’ai fait, en fait.
J’ai décidé de prendre le temps de vraiment te voir ainsi que tes découvertes, au chaud soleil de fin d’été. Tes cheveux fins qui s’allongent. Tes regards communicatifs et taquins qui en disent long sur ton émerveillement.
Tes expériences du monde qui ont tout du regard d’un scientifique à étudier la portée de tes gestes – quand je fais ceci ça cause cela, cette fleur de trèfle qui est aussi bonne qu’elle en a l’air, les avancées dans l’eau limpide qui éclabousse tout quand on la tape.
Toi, presque immobile au creux de mon bras pendant ta paisible tétée, subjugué par la beauté de la danse des feuilles. Moi, subjuguée par la tienne.
Ces courtes secondes magiques où tu t’es tenu debout seul pour la première fois.
J’avais l’urgence d’aller chercher mon appareil photo. Pour conserver pendant des lustres cet après-midi. Mais je me suis arrêtée. J’ai choisi de le graver dans ma mémoire plutôt, pour mon éternité.
Je me demande, mon coeur, est-ce que ce n’est pas un symptôme de notre vie surexcitée d’avoir ce réflexe? On choisit de vivre beaucoup, tout, trop vite, on fait un “clic” et on passe au suivant. Photo suivante, tâche suivante, fil d’activité déroulé à la va-vite, sans vraiment s’arrêter pour profiter pleinement.
Profiter pleinement du regard de nos proches. De leurs voix. De développer le fil de nos pensées, de nos discussions, et de nos sentiments. De ne s’immerger que dans une chose à la fois, en toute conscience. L-e-n-t-e-m-e-n-t.
Est-ce que c’est vrai qu’on ne serait que consommateurs de notre vie?
Sûrement par peur du manque, on se lance dans l’excès et la vitesse. Ils ont parfois leur place, c’est sûr. Mais tout le temps? Pas certaine.
Par exemple, consommer 10 bols de sorbet au chocolat en cachette, rapidement, c’est sûrement une moins belle expérience que de prendre le temps d’en savourer un, lentement, en te le partageant, comme tantôt.
Et je vois, mon chou, que ce tourbillon de manque et d’excès nous précipite dans un cercle vicieux de stress, de dépendance, de vouloir toujours plus.
Je ne veux pas ça. Je veux une autre voie qu’une frénésie maniaque pour nous tous.
J’ai encore pris conscience aujourd’hui que nos moments sont souvent remplis de tout ce qu’on a besoin. De beauté. D’abondance. De tranquilité.
C’est comme quand on se presse en famille – on dirait que tout va moins bien. La pression surexcite tout le monde; vous les enfants êtes bien récepteurs des émotions des grands. Et quand je choisis de prendre de mon temps, oui de délaisser certains projets, mais de focuser sur l’important, et c’est surtout vous mes enfants, ça va tellement mieux. Comme quand on répond à votre besoin d’attention, eh bien un nuage de paix se crée, ce calme envahit notre atmosphère, et nous redevenons sereins.
On dit qu’il est important de vous écouter raconter vos petites choses, car demain on se rendra compte que ces petites choses, c’était en fait de grandes choses pour vous, tout ce temps.
Mon rappel du jour, que tu m’as encore enseigné mon p’tit coeur, c’est que c’est important de vivre l-e-n-t-e-m-e-n-t pour voir les petites choses.
Parce que je suis déjà sûre qu’au fond, c’est vraiment nos grandes choses d’aujourd’hui, qu’on chérira dans notre futur de demain.
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