Je suis une victime de violences et harcèlements sexuels #MoiAussi

Je suis une victime de violences et harcèlements sexuels #MoiAussi - À lire absolument!

Alors qu’on a parfois l’impression que le combat féministe fait partie du passé et qu’il n’a plus sa raison d’être, je reçois parfois une claque dans la face lorsque j’ouvre mon Facebook et que je lis les propos disgracieux de Caroline Orchard, candidate à Coalition Montréal :

Il n’y a pas de culture du viol, il y a une gang de femmes qui ne connaissent pas leur sexualité pour en tirer du vrai plaisir.

Aujourd’hui j’ai reçu une autre claque lorsque j’ai vu le statut de milliers de femmes sur Facebook annoncer qu’elles avaient été un jour ou l’autre victimes d’agressions ou de harcèlements sexuels, dans un élan de solidarité avec Martine Delvaux (et l’initiative #metoo lancée par Alyssa Mylano).

Sur cette lancée, en fouillant dans ma propre boîte à souvenirs, je me joins à cette vague de solidarité en espérant qu’ensemble, on pourra offrir un avenir plus doux et plus égalitaire à nos filles.

Lorsque j’avais tout au plus 8 ans et que je jouais au sous-sol chez ma tante avec tous mes cousins et mes cousines, je me rappelle le regard pervers que son mari posait sur nous, sur moi, en se berçant dans sa chaise près du feu. Je me souviens surtout de son sourire. Un sourire satisfait de perversité.

Comment oublier qu’à chaque fois que je m’y retrouvais, et ce jusqu’à environ l’âge de 12-13 ans il nous attrapait alors qu’on tentait de nous éloigner, même au coeur d’une pièce remplie de monde autour, pour nous “chatouiller”; qu’il soutenait notre regard en souriant et nous répondant:

“Arrêter quoi? Tu veux que j’arrête quoi?.. Allez, dis-le.”

Cet été, mon chum m’a surprise par derrière en me plaquant sur le gazon pour m’embrasser en riant. Je l’ai mordu au bras jusqu’à passer près de lui arracher un morceau…

Encore, après avoir cessé d’y aller parce que j’avais maintenant le droit de choisir, mais également l’âge de garder des enfants, j’ai réalisé une nuit que le père de famille où je dormais dans le salon certains soirs de gardiennage venait mettre sa main sous mes vêtements lorsqu’il me croyait endormie. Sauf ce soir-là.

Et que ma mère a entendu sa femme me rejeter le blâme en disant que j’avais du l’aguicher du haut de mes 13 ans.

Je ne compte plus non plus le nombre de fois où, sur les rues de Montréal, on m’a sifflée, abordée très tôt le matin alors que je marchais vers le métro, ou encore cette fois où je quittais le bar où je travaillais, et qu’un homme s’est soudainement mis en marche vers moi lorsqu’il m’a vue entrer dans le petit stationnement sombre.

Cette fois où lorsque je me suis engouffrée dans ma voiture le coeur battant dans mes oreilles, en barrant mes portes j’ai vu sa main et le bord de son manteau noir dans le miroir à côté de moi. Immobile avant de rebrousser son chemin, me laissant glacée d’effroi, seule, dans le noir.

Et il y a eu cette rééducation que mon chum a dû faire. Cet homme que j’avais choisi pour devenir le père de mes enfants, mais qui n’avait aucune idée de comment traiter une femme avec respect et patience. De comment avoir une sexualité respectueuse et épanouie en demeurant à l’écoute du besoin de l’autre. On le lui avait jamais appris.

Puis au-delà de tous ces souvenirs que je m’efforce de taire, il y a les autres.

Il y a la famille qui a émis l’avertissement de se taire. Les liens qui se sont ensuite brisés. Les jugements et les défaites de certains pour excuser l’inexcusable.

Tout ça qui nous mène à penser que c’est correct.

Que c’est normal.

Qu’il faut arrêter d’en parler puisque ça arrive à tout le monde, non?

 

Cliquer ici pour tout lire notre Dossier spécial #MoiAussi

Cinthia Labillois

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