Éduquer pour un avenir humanisé

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Quand nous pensons à une société riche au niveau culturel, à l’avant-garde de la justice sociale, novatrice au niveau scientifique, économique, environnemental, pensons-nous à une société d’individus portant tous le même bagage académique, culturel et identitaire?

Non.

Nous pensons à une société ouverte sur le monde, qui accueille des individus de tous horizons, de diverses cultures, portant un passé éducatif et culturel diversifié.

Nous admettons tous que le métissage des cultures est bénéfique pour une nation. Nos gouvernements prônent eux-mêmes la terre d’accueil que nous sommes, investissant d’ailleurs énormément de ressources dans l’accueil d’individus de partout à travers le monde. Nous vivons à l’ère du multiculturalisme. Nous sommes multiculturalistes.

Nous admettons tous que le vase clos n’est pas profitable à l’évolution de l’homme.

Pourquoi en serait-il autrement pour l’instruction?

Pourquoi faudrait-il qu’une société soit formée d’individus ayant été soumis au même unique programme éducatif provincial ou national pour fonctionner?

Pour se restreindre, c’est sans aucun doute une excellente stratégie mais pour être innovante, révolutionnaire, pour faire évoluer les conditions humaines, le vase clos éducatif n’est certainement pas profitable.

C’est pourtant ce que nous imposent actuellement nos élus.

Ne serait-il pas l’exact bon moment dans notre histoire pour se tourner vers une vision éducative renouvelée, plus à même de créer une société satisfaisante pour les individus qui la composent?

Nous constatons avec désolation que l’activité irréfléchie de l’homme compromet la survie de son espèce. Devant le désastre, c’est à tout petits pas que nous mettons en place des mesures pour atténuer la dévastation. Nos modes de pensées, notre enchaînement au capitalisme, notre difficulté à réfléchir de manière révolutionnaire nous empêche d’entrevoir des solutions et de prendre une part active à celles-ci.

Nous constatons aussi que les rouages de la société actuelle échouent à rendre heureux les humains qui la constituent. Nous devons composer avec les dérives du système en place. Nous nous désolons du taux élevé de décrochage scolaire (à quoi bon s’accrocher à ce qui ne nous interpelle pas), de la récurrence des cas d’intimidation (l’expression d’un mal-être profond chez nos jeunes), de l’anxiété qui ronge tous les groupes d’âges de la population, de la dépression, (nous sommes des champions de la consommation d’anti-dépresseurs), de la lourdeur bureaucratique et du manque d’organisation de nos institutions au sommet desquelles nous retrouvons des individus qui, pour eux-mêmes et pour leurs familles, optent pour les services du système privé. Les structures qu’ils imposent n’étant pas pour eux-mêmes un premier choix.

Sommes-nous collectivement satisfaits de notre société actuelle?

Avons-nous vraiment envie de la perpétuer?

Qui pourrait bien magnifier notre futur collectif?

Nos enfants, notre génération future.

Si tous les futurs contribuables, éduqués à l’intérieur de nos frontières, repassent par le même seul et unique mode éducatif qui nous limite, rien n’évoluera.

Par contre, si nous diversifions les approches éducatives en ouvrant la porte aux écoles réellement alternatives, aux pédagogies favorisant le potentiel humain. Si nous respectons le droit des parents de choisir en priorité le genre d’éducation à donner à leurs enfants (tel que consenti lors de la signature de la Déclaration universelle de droits de l’homme) sans leur imposer la structure de l’école publique. Si nous donnons plus de libertés aux enseignantes et aux enseignants qui supportent à bout de bras le système scolaire de plus en plus contraignant afin de les laisser innover et soutenir l’individualité de leurs élèves, nous pourrions voir enfin émerger des générations plus impliquées politiquement et socialement.

Pour aimer et protéger la nature, il faut connaître la nature. Pour aimer et protéger l’humain, il faut connaître l’humain.

Quand on ne s’adresse pas à l’humain en éducation, avec ses particularités, son potentiel, son besoin d’enthousiasme et de cohérence, on éteint sa soif de connaître, sa connexion avec lui-même et son désir de participer activement à l’essor de sa collectivité.

Il me semble que nous avons fait le tour du schéma éducatif actuel.

Éduquons maintenant pour un avenir humanisé.

Julie Roux