Tu es maintenant une maman. Quel changement.
Avant tu étais Toi, fille de tes parents, sœur, cousine, amie, mais surtout Toi. Tu t’accordais des erreurs, tu surmontais des défis, tu voguais allégrement sur les flots de la vie. Au diable les soucis, tel un chat, tu avais 7 vies. Beaucoup de sport, de voyages, on explore autant que l’on avance. Tu t’accordais aussi le droit de ne rien faire et souvent tu pensais: «Oh mais j’ai encore le temps!».
Et puis il arrive. Petit être merveilleux qui fait chavirer ton cœur et remue ta vie en profondeur. Tu n’as soudain plus de temps. Tu n’auras pas assez de tes 7 vies pour côtoyer la sienne, apprendre à le connaître et partager, partager, partager, autant d’amour et d’aventures qu’il est possible de savourer, ensemble.
Tu deviens exigeante, il faut être la plus patiente, la plus tolérante, la plus entreprenante, la plus efficace, garder des traces de toutes ces premières fois qui ne reviendront pas… Et tout le monde autour de toi doit suivre… L’Amoureux et même le monde entier, tant qu’on y est, pour que ce petit être grandisse en sécurité, regardé et aimé.
Tu t’es oublié. Tu as tout donné.
Au lieu de vivre le moment présent, tu avançais en anticipant et en regrettant, mais rarement dans l’instant. De ces longs mois sans sommeil, de ces multiples réveils, de ces cris à lui, de ces pleurs à toi, de ces tonnes de linge plié, de ces repas vite préparés alors que bébé a faim à en hurler…
Tu as oublié ton sport, tu as oublié tes livres, tu t’écroulais dès que bébé s’endormait… ou au contraire, les bras libérés, tu en profitais pour faire toutes ces choses compliquées que tu ne pouvais pas faire avec bébé. Tu as oublié de savourer, tout simplement, ce temps qui t’était accordé. Aujourd’hui tu le regrettes, mais tu te sens prête à en profiter, pour essayer de rattraper tous ces moments qui t’ont échappée.
Oh ! Ne t’en fait pas, ils sont là, quelque part dans ta mémoire… et de ces moments-là ton petit ne retiendra que cela:
- Tes sourires, ton regard si doux
- Tes mimiques qu’il trouve si comiques
- Tes bras, l’odeur de ton cou
- Le goût de ton lait, la douceur de ta peau
- Tes caresses dans ses cheveux, sur ses petits pieds dodus
- Tes courses folles dans la maison, quand tu tentes de lui mettre des chaussures ou un pantalon alors qu’il rigole et caracole!
- Les jeux grandioses que tu inventes: faire de la musique avec des casseroles; dans le salon, installer une tente; chercher des escargots, renifler les herbes fraîches et envoyer des ballons très très haut, mélanger de la farine et de l’eau dans un bol, patouiller et en mettre en partout…
- Les promenades collés-serrés dans l’écharpe ou le porte-bébé, bien au chaud contre ton cœur, enveloppé de ta chaleur et celles dans la poussette, les yeux ouverts sur un monde de découvertes.
- Ce matin-là où il a fièrement réussi à dresser la table du déjeuner, même si la moitié était à l’envers et le reste presque par terre… La joie dans ton regard, lui a donné un morceau de confiance en lui pour plus tard.
- Ton expression quand il a fait pipi dans le pot, ta compréhension quand il n’a pas réussi…
- Ta capacité à le consoler, pour un petit ou gros bobo. Il sait que tu es toujours là pour lui.
On a le droit de ne pas avoir envie de dessiner ou de jouer à la poupée… Il faut leur dire, avec le sourire. Je pense qu’en se respectant, on apprend à l’enfant à faire de même avec lui-même.
On a le droit de prendre son temps, l’heure immatérielle dans un monde un peu démentiel, nous fait souvent oublié l’Essentiel: la Vie de l’Instant, le MOMENT PRÉSENT.
On a le droit de ne pas suivre les règles établies: pique-niquer par terre dans le salon, dormir tous ensemble dans le même lit, on peut aussi sauter le bain, pour une fois, si on n’en a pas envie et puis même manger des frites, de temps en temps, sans soucis… Si tout le monde est heureux comme ça, pourquoi se faire du tracas?
On peut commencer des projets, les laisser, recommencer puis arrêter, les reprendre et finalement tout abandonner… On a le droit d’en avoir marre et plus que marre, de suffoquer, d’avoir besoin de respirer, et même de pleurer… Accordons-nous ce temps, sans culpabilité, c’est important. Et revenons plus tard vers ce petit cœur plein de tendresse, il n’en gardera que le bonheur de se retrouver en tout douceur.
On a le droit de se laisser porter, d’arrêter d’analyser, d’essayer de comprendre ce qui est en train de se passer. On a le droit de naviguer sans but, de se laisser dériver. C’est souvent par hasard, que les îlots de paradis émergent, dans l’horizon de la vie. Se faire caresser par les embruns et confier notre destin à l’inconnu, parfois, ça fait du bien.
Faire de notre mieux c’est tout ce qui compte. Même si notre mieux c’est de rester là à regarder le plafond qui aurait besoin d’un coup de peinture; même si notre mieux c’est pleurer à grosses larmes parce qu’on en peux plus; même si notre mieux c’est d’affirmer haut et fort, que là, notre quota de patience est dépassé et que l’on a besoin de quelques minutes seules et en silence.
Hey les mamans! Lâchons un peu nos exigences et nos attentes envers nous-mêmes. Nos enfants nous aiment… Oui, même les cheveux ébouriffés, pas maquillées, cernées, le salon en chantier et la cuisine à demi-camouflée sous des piles de vaisselles pas lavées.
Nos enfants nous aiment et tout ce qu’ils veulent c’est notre présence affectueuse, réconfortante, chaleureuse. Ils veulent entendre notre rire, nous voir nous amuser et sourire, ils veulent notre bonheur comme on veut le leur.
Ouvrons-nous à l’inattendu, on verra bien ce que la Vie a prévue, on sait tout ce qui est, ouvrons-nous à tout ce qui pourrait arriver…
Et sachons observer dans chaque petite minute, une étincelle d’éternité.
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