Enceinte de quelques mois, je caressais mon ventre dernièrement en voiture lorsque j’aperçu à côté de moi ce camion transportant des pauvres bêtes à leur dernier repos. D’avoir à cet instant la main posée sur la vie et le regard posé sur la mort fût un contraste qui me bouleversa profondément. J’ai eu soudain envie de t’écrire cette lettre mon enfant, une lettre que tu liras lorsque tu seras en âge de comprendre la vie et toutes ses injustices.
Mon petit trésor, tu fais à peine tes premiers pas que tu remplis mon cœur de maman de tellement de joie. Si tu savais le bonheur que je ressens de pouvoir te tenir la main à cet instant alors que ton petit corps encore hésitant s’apprête à parcourir le monde, la vie. J’essaie d’enligner tes petits pieds dans le bon chemin, afin que tu évites les embûches, les obstacles et que tu te tiennes toujours bien droit comme le petit être fier que tu es déjà.
Je ne suis pas parfaite, je ne t’apprendrai ni la perfection ni toujours la direction des bons chemins à prendre. Certaines fois je te dirigerai vers une route et regretterai par la suite de ne pas t’avoir poussé vers l’autre chemin.
Par contre, la promesse que je peux te faire aujourd’hui , à toi petit ange haut comme 3 pommes, c’est que je t’amènerai dès que tu seras en âge de comprendre, vers une destination merveilleuse dont je connais trop bien le chemin. Je t’amènerai vers un monde de compassion et d’amour.
Je t’apprendrai là-bas à respecter les êtres qui t’entourent, qu’ils soient petits, grands, gros, faibles ou forts, faits de plumes, de poils ou de chair.
Je t’apprendrai à ouvrir ton cœur aux autres, à donner des parcelles d’amour qui flotteront en si grand nombre dans ton cœur à ceux qui en ont besoin. Je te montrerai ce qu’est le don de soi, la bonté humaine. Lorsque je t’apprendrai à ne pas faire aux autres ce que tu ne veux pas te faire faire, cela inclura tout être pouvant ressentir la douleur. Peu importe son intelligence, son physique ou sa capacité à exprimer ou non sa détresse par des mots.
Tu me demanderas un jour pourquoi nous ne mangeons pas les animaux. Je sais au plus profond de moi que tu auras la réponse dans ton cœur, puisque je t’aurai enseigné l’égalité des êtres et de toujours protéger plus petit que toi.
Viendra ce jour où je te prendrai la main et dans ta petite chambre je m’assiérai avec toi pour t’apprendre la vie, l’amour et ce monde juste à côté de notre beau paradis qui se veut moins beau, plus sombre et sans pitié. Je t’apprendrai ce qu’est la méchanceté humaine et l’exploitation animale. Je briserai probablement la fantaisie dans ton cœur et certaines étoiles dans tes yeux s’éteigneront à ce moment, mais au moins, tu sauras.
Je voudrais tellement préserver cette innocence mais l’ignorance ne pourra jamais te faire grandir réellement.
Je ne ferai pas de toi quelqu’un qui poursuit une roue sans fin de cruauté, je briserai le cycle en te disant les vraies choses. Tu m’en voudras peut-être de te voler tes illusions de tout petit être encore vierge de malheur mais je me devrai de le faire un jour ou l’autre, lorsque tu seras assez grand pour supporter la réalité. Tu es la racine du changement, tu as le pouvoir de grandir et d’étaler à ton tour ta sensibilité, de faire de ta compassion pour les petits oubliés une maladie contagieuse dont le seul remède se trouve dans le refus de l’ignorance.
Ce jour n’est pas encore arrivé. Tu as le temps de croire encore que la vie est une bulle aseptisée face à la souffrance.
Le Père Noël t’attend mon enfant, ta petite ferme Fisher Price aussi. Qu’elle est belle cette vache dans le pré n’est-ce pas? Je te vois la prendre et jouer avec elle, la mener vers le petit porcinet rose et leur faire se donner des bisous. Tu ris, tu t’exclames face aux bonheurs de tes petits protégés libres et heureux.
Ceci est ton histoire. Une histoire que tu te racontes puisque tu es encore trop petit pour y voir clair. Cette histoire n’est pas la nôtre, ni la leur, et le Père Noël n’existe pas. Pas plus que le bonheur dans un pré. Nous devrons créer notre propre histoire, et tenter de la rendre aussi belle que nous le pourrons à partir d’une réalité désolante que ni toi ni moi n’avons choisie.
Il existe des embûches même lorsqu’on est grands. On a parfois du mal à se tenir debout face à la misère qui croise notre route mais si on se tient tous la main, nous y arriverons.
Construisons-nous un monde et tentons de garder les parcelles d’étoiles dans nos yeux et nos cœurs grands ouverts aux victimes de l’histoire.
Continuons d’espérer trouver le chemin à prendre ensemble vers un monde plus humain, un pas à la fois.
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