Cher parent,
C’est avec beaucoup d’estime pour toi que je t’écris cette note. Je souhaiterais que tu prennes la mesure de la controverse entourant les méthodes du laisser-pleurer à l’heure du dodo. Afin que tu aies accès à toute l’information existante pour effectuer un choix dans tes méthodes pour endormir ton bébé, je te suggérerais des lectures actuelles portant sur des méthodes d’endormissement douces que toi et ton bébé apprécierez davantage.
Tout d’abord, sache que les caprices n’apparaissent pas avant l’âge de 18 mois. Donc si un enfant pleure ou se réveille à répétition c’est qu’il a un besoin à combler, généralement un besoin d’affection, de réconfort et de proximité.
Dans le cas du 5-10-15, méthode encouragée par la tristement célèbre auteure Madame Brigitte Langevin, on véhicule l’idée que l’enfant apprend à être autonome grâce au dressage du sommeil. Or, il a été démontré que lorsque nous ne répondons pas à ses pleurs, on apprend au bébé que son parent est inapte à répondre à ses besoins (et non qu’il est capable de se calmer seul).
Les neurologues s’entendent d’ailleurs pour dire que l’angoisse vécue par le nourrisson durant les périodes du 5-10-15 génère dans le cerveau des bébés du cortisol, hormone qui est hautement néfaste pour les cellules cérébrales. Évidemment, l’enfant assimile l’état des choses et cesse de réclamer, d’abord par fatigue, ensuite parce qu’il a compris qu’il était inutile de réclamer “de l’aide” puisque personne ne viendrait le réconforter (notons qu’un enfant avant l’âge de 3 ans et demi, même 4 ans, n’a pas la faculté de se réconforter lui-même sans aide).
Rappelons que les bébés humains ont la même capacité émotionnelle qu’un adulte mais aucun outil pour y faire face encore. Il se trouve d’ailleurs que durant ses premiers mois de vie, il bâtit un lien de confiance capital avec son soignant.
Ainsi, je te questionne: comment un enfant peut savoir qu’un besoin nutritif sera comblé si l’on échoue à répondre à ses besoins affectifs? La confiance est à la source du lien d’attachement.
Parallèlement, je t’invite à lire sur “l’expérience inhumaine de Frédéric II d’Hohenstaufen” (nom donné à une expérience édifiante) où 2 groupes de 6 poupons orphelins ont été étudiés. Les bébés du groupe A recevaient des marques d’affection (étaient bercés, cajolés et avaient des interactions avec leurs soignants) et on répondait aux besoins de base (hygiène, nourriture, etc.). Dans le groupe B, les enfants recevaient les mêmes soins de base mais sans marques d’affection. Au final, les poupons du groupe B se sont tous laissés mourir. L’expérience d’Harlow sur l’attachement avec le macaque rhésus est aussi très révélatrice, ces bébés n’ayant pas la présence de leur mère sur une longue période se sont révélés hautement troublés.
Aussi, aujourd’hui plusieurs liens sont faits entre le laisser-pleurer et les troubles anxieux (à noter que la génération des 25-35 ans sont les plus médicamentés en ce qui concerne les troubles anxieux et leurs jeunes années correspondent avec la vague de recommandations des médecins de laisser pleurer les bébés). Ensuite, d’un point de vue attachement, on observe souvent, chez les bébés qu’on a laissés pleurer, une réponse inadéquate lors de situations anxiogènes. C’est-à-dire que lorsqu’on les met dans une situation qui devrait les déstabiliser, ces enfants, au lieu de réclamer leurs parents, n’auront aucune réaction. Ne sachant pas comment obtenir de l’aide, ils en viennent à ne plus en demander, ils ont simplement abandonné.
De plus, les bébés naissent avec un système de survie. Dès la naissance, le bébé a un taux de cortisol (hormones du stress) égal à celui de sa mère. C’est ce qui rend les pleurs des enfants insupportables aux oreilles de la mère. Lorsqu’on laisse pleurer un bébé, l’hormone de stress augmente significativement chez le bébé et descend chez la mère. Les pleurs du bébé deviennent donc plus supportables pour le parent. Malheureusement, une fois ce taux hormonal débalancé, la mère et l’enfant ne retrouveront pratiquement jamais le même taux (on parle ici en cas de pratique de laisser-pleurer radical comme le 5-10-15, pas de: “Attends une minute chérie maman finit son pipi.”).
Aussi, le cortisol, lorsqu’il est produit en trop grande quantité, peut provoquer des dommages au cerveau. Notons aussi que pour 1 minute de pleurs intenses, un enfant prend 1 heure pour retrouver un taux de cortisol normal.
Dans le cas du 5-10-15, l’enfant peut pleurer jusqu’à 30 minutes, il lui faut donc 30 heures pour que ce taux revienne à la normale.
Hors, dans plus ou moins 12 heures, le même manège de laisser pleurer reprendra et ce sur plusieurs jours. Toujours dans l’optique du système de survie, les nourrissons se réveillent fréquemment, entre autres pour éviter de tomber dans un sommeil trop profond, ce qui réduit les risques de la mort subite du nourrisson. Leurs multiples réveils ont donc une raison d’être.
Il est aussi important de noter que la notion de temps n’est pas la même pour un adulte que pour un bébé. Alors pleurer 5-10-15 minutes ou 5-10-15 secondes dans l’indifférence peut provoquer les mêmes dommages.
Si on veut vulgariser un peu, prenons un individu qui cherche un partenaire de vie. Il cherche à combler un besoin de proximité, d’amour et de réconfort. Lorsqu’un enfant pleure pour qu’on le prenne, il n’en demande pas plus qu’un adulte qui cherche à être aimé. Personne n’ira dire à un adulte qui cherche l’amour qu’il fait des caprices, pourquoi nous donnons-nous plus le droit de le faire pour un bébé? Rappelons-nous que plusieurs adultes éprouvent des difficultés à s’endormir, dormir seul. Il en va de même pour nos tout-petits.
Rajoutons à cela le fait que la méthode Langevin dit que certains bébés vont pleurer jusqu’à s’en faire vomir et qu’il vaut mieux avoir une serviette sous la main.
PERSONNELLEMENT, si je pleure à m’en faire vomir ou que je suis malade et que pour seule réaction mon conjoint me glisse une serviette sous moi pour “éponger” mon vomi, sans changer mes draps, sans un regard tendre et sans une parole réconfortante, j’aurais de sérieux doutes en ses compétences amoureuses.
L’enfant peut donc facilement douter de la capacité de son parent à répondre à son besoin.
On a parfois tendance à leur en demander plus que ce que nous sommes capables de supporter. La fatigue, le stress et plusieurs autres facteurs peuvent nous mener à vouloir utiliser certaines méthodes de dressage de sommeil, ce qui est tout à fait normal. Mais n’oublions pas que ce sont de petits êtres qui ont encore beaucoup à apprendre de la gestion des émotions.
Finalement, j’en profite pour te suggérer “Un sommeil paisible et sans pleurs” d’Elizabeth Pantley et aussi ”Être parent la nuit aussi” du pédiatre William Sears. Ce sont des ouvrages qui donnent des solutions beaucoup plus douces et respectueuses de l’enfant.
Amitiés,
Une Maman
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Sources
SUNDERLAND, Margot (2016) La science au service des parents nouvelle édition. Canada : Hurtubise.
PankSepp J.et al. (1978) The biology of social attachments: opiates alleviate Separation distress, Biological Psychiatry Oct.13 607-18
http://www.lllfrance.org/…/1337-da-61-ne-laisser-pas…
https://naitreetgrandir.com/…/20120912-dodo-laisser-pleure…/
http://www.psychologies.com/…/Interview-de-Claude-Suzanne-D…
http://www.askdrsears.com/…/science-excessive-crying…
http://psychanalyse-21.psyblogs.net/…/theorie-de-lattacheme…
https://happynaiss.com/…/la-figure-dattachement-ou…/
https://www.seinplementpourmoi.ca/…/all…/fais-dodo-mon-bebe/
http://m.huffingtonpost.fr/…/laisser-pleurer-bebe-corps_n_9…
http://www.bien-etre-et-performance.com/quelle-est-la…/
http://www.bellybelly.com.au/…/does-my-baby-need-to…/
https://www.oummi-materne.com/2113-2/
Par Michelle Roy, avec la collaboration d’Isabelle Villeneuve. Merci de faire connaître cet article! Et visite ici pour en savoir plus sur les méthodes douces pour l’heure du dodo.
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