Coup de gueule ici! Plus que jamais la gestation pour autrui (GPA) fait parler d’elle. À l’heure de la technologie de procréation, la France prévoit un projet de loi sur l’épineuse histoire des mères porteuses. Afin de tenter de prendre position, il se tient présentement à Paris, et ce jusqu’au 7 juillet 2018 prochain, une concertation d’envergure nationale pour aborder le sujet sous toutes ses coutures.
Les acteurs, experts en la matière et gens ordinaires maintiennent jusqu’ici des positions dichotomiques sur la question. De part et d’autre, on aborde l’aspect légal de la parentalité intentionnelle, le côté pécunier du projet, l’aspect du corps de la femme, de la liberté d’en disposer, de l’immortalité de le louer, mais jusqu’ici jamais, jamais, il n’est fait mention de la violence de la situation pour l’enfant à naître.
En effet, tous se limitent aux droits des adultes impliqués, mais nul ne se penche sur les droits de l’être humain qui est au centre de la chose. Alors que les droits du fœtus font encore polémique, il m’apparaît impératif de réagir, car ici ni le droit à la vie ne semble respecté, ni même la qualité de vie.
Si la France n’a pas encore statué sur le projet de légalisation de la gestation pour autrui, d’autres pays l’ont fait. Actuellement, le Canada se contente d’interdire les gestations pour autrui menées en échange d’argent. L’Allemagne ne reconnaît pas la parentalité acquise. La Suisse interdit formellement la pratique des gestations pour autrui. Quant à eux, les États-Unis comptent déjà des compagnies qui se spécialisent dans la marchandisation des grossesses.
Il va sans dire que ces compagnies de gestation pour autrui fonctionnent avec des contrats dont les clauses ne laissent rien au hasard. Par exemple dans un cas très précis où l’enfant à naître présenterait une quelconque anormalité, les parents d’intention pourraient, en toute légalité, exiger un avortement.
Ainsi une mère porteuse, souhaitant à l’origine réaliser le rêve d’un couple, devra sans mot dire subir une interruption de grossesse qu’importe sa volonté propre.
Hormis une importante épreuve physique et psychologique pour la mère, qu’en reste-t-il pour le fœtus? N’est-ce pas tout à fait puéril d’inoculer la vie par la force pour finalement l’anéantir? Que dire des droits de la porteuse qui sont réduits à néant?
J’ai le sentiment qu’en muselant l’être qui entoure l’utérus, nous faisons littéralement un pas de plus dans la direction de l’utérus artificiel. Qu’en sera-t-il de l’humanité de demain qui naîtra d’incubateurs sans amour, sans attache, simples producteurs de chair? Au terme, quand viendra l’ultime moment d’envoyer au loin le fruit de 9 mois de filiation, qui alors s’intéressera aux besoins de l’enfant?
Car au-delà de ce qu’aura prévu la loi pour le petit être humain en cause, il n’en demeure pas moins que ce dernier a des besoins biologiques. Les capricieuses lubies de l’imagination humaine ne sauraient soumettre la nature à des acrobaties pour lesquelles elle n’est pas faite. Tous les mammifères fonctionnent de telle sorte que le bébé et la mère vivent en symbiose, et ce, tant pour la vie in utero que pour l’existence postnatale.
On sait maintenant que le fœtus, encore non né, entend la voix de sa mère et sait la reconnaître. Il sent son odeur et sait reconnaître son toucher. Le sein de la mère aura la même senteur que le liquide amniotique de telle sorte que le fin odorat du bébé puisse le guider vers sa première tétée.
Dans le cadre d’une telle transaction aura-t-on pensé au besoin de lait maternel du nouveau-né ou se contentera-t-on de le gaver d’artificiel, le privant d’anticorps, de nutriments et de contact humain? A-t-on seulement réfléchi à l’importance du contact avec le microbiote de la mère pour que se bâtisse chez le bébé un système immunitaire favorable, tel que la nature l’a prévu?
On sait aujourd’hui, hors de tout doute, que le bébé ressent ce que sa mère éprouve.
Les études ont aussi montré que le lien d’attachement qui se crée durant la gestation a d’importants impacts sur les moments qui suivront la naissance. Ce lien permet aux parents de prendre soin de leur progéniture. Ce lien permet au bébé de se sentir en confiance et d’être rassuré face aux nouveautés qui se présentent à lui.
Qu’arrivera-t-il lors d’une gestation pour autrui au nouveau-né qui, d’instinct, cherchera l’odeur de sa mère pour se rassurer? Que ressentira-t-il quand il constatera qu’il n’entend autour de lui, aucune voix familière? Dans quelle torpeur plongera-t-il quand il sera catapulté loin de ses seuls repères sensoriels et affectifs?
Tous les professionnels de la santé savent que les bébés peuvent vivre une dépression et connaître le deuil. C’est un deuil d’apprendre à vivre sans une chose qui est physiologiquement conçue pour nous. D’autant plus que le cerveau mammalien du nourrisson n’est pas apte à gérer seul les grandes émotions comme la colère, l’angoisse de séparation ou encore la peur.
Oh bien sûr en vieillissant les choses vont se rationaliser, les enfants nés de gestation pour autrui vont vivre leur vie et aimer leurs parents. Mais il semble indéniable que d’importantes séquelles émotionnelles accompagneront l’évolution de ces enfants marchandés.
Assisterons-nous à une épidémie de détresse psychologique? Comment arriverons-nous alors à pallier le sentiment de manque intrinsèque qui se sera logé à la base du développement émotif de l’enfant? Avec des antidépresseurs, histoire d’endormir la douleur psychique? Est-ce vraiment ce que nous souhaitons collectivement pour nos enfants?
Je demande que soient considérés les droits et BESOINS BIOLOGIQUES des bébés concernés. Je demande que tous se questionnent sur la limite à ne pas franchir en cas de difficulté de conception.
La génération des bébés éprouvette s’est elle-même retrouvée devant des questions et des besoins particuliers.
Qu’en sera-t-il des bébés achetés?
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