Nous ne sommes pas à l’abri, ni nos petits, d’événements tragiques.
Comme parents de jeunes enfants, on est alors précipité à ces moments dans une situation qui peut être un dilemme pour bien leur présenter les faits, ou non, selon leurs âges et niveaux de compréhension.
On ne veut pas leur cacher la vérité, mais on ne veut pas les effrayer. On peut aussi vouloir les protéger en leur donnant juste assez d’information pour savoir comment réagir et mieux comprendre.
Et ce n’est pas seulement pour nos petits, mais pour nous aussi. Comment ne pas vivre dans la peur, ou faire notre deuil? Comment continuer à bien vivre malgré tout?
Bref, on est confronté à des questions existentielles.
Et ça pourrait être pratique d’avoir des pistes pour trouver quelle est la manière la plus appropriée de vivre tout ça en respectant les besoins de notre famille.
Des conseils d’experts
En ce qui concerne un attentat, une tuerie, ou un suicide, une information m’est restée gravée en mémoire. Selon les experts sur le sujet, il est préférable de ne pas parler de celui qui l’a commis dans les médias, car ça perpétuerait ces événements par un phénomène de mimétisme et ça peut entraîner un statut de célébrité à éviter.
C’est pourquoi je suis réticente à suivre ces sujets aux “nouvelles”, car pour l’instant tous les médias ne suivent pas ces recommandations à la lettre (dans mon coin de pays). C’est sûr que c’est plus sensationnaliste et qu’on peut vouloir savoir c’est qui, mais c’est préférable de réconforter la communauté touchée plutôt que de parler des criminels.
À travers mes lectures en anthropologie, j’ai aussi découvert que dans la majorité des cultures les sujets qu’on pourrait garder entre adultes dans les sociétés occidentales ne sont souvent pas tabous. Les enfants sont des grands observateurs de ce que leurs aînés vivent, et les adultes les laissent le faire. Ils assistent aux discussions des adultes, à des funérailles, ou encore à des préparations à la chasse, car ça les touche, si non dans le présent, dans le futur.
Voici des pistes qu’on peut explorer dans notre vie de famille. Les enfants comprennent plus souvent qu’on le pense, et s’ils ont besoin de clarifications, ils ne se gênent souvent pas pour le demander par leurs “Pourquoi?”
Vous pouvez donc:
- Trouver ce que votre enfant connaît. En a-t-il déduit quelque chose de vos conversations, des nouvelles, ou autres?
- En parler plus d’une fois. Il n’y a peut-être pas de besoin de la part de l’enfant ou de la situation d’en savoir trop non plus. Répondez aux questions comme elles viennent.
- Garder ça simple. Vous pouvez dire à un enfant très jeune brièvement la situation et comment vous vous sentez si ça vous touche. “Ils y a des gens méchants qui…” avec un plan si ça arrive: “Dans ces cas il faut…”
- L’amener à leur niveau. Leur dire par exemple que “les méchants ont été arrêtés” et que les autres gens sont maintenant en sécurité.
- Les encourager à exprimer comment ils se sentent.
- Les rassurer. Leur mentionner que c’est très rare que ça arrive par exemple.
- Montrer l’exemple. Faire de notre mieux pour être un bon modèle malgré la situation.
- Leur donner du pouvoir. Leur donner des stratégies pour savoir comment réagir dans ces situations.
“Vous voulez aider vos enfants à être capable à penser à leur futur et garder de l’espoir,” explique Denise Daniels, une experte qui a aidé des enfants à travers le monde confrontés à des événements tragiques.
Des témoignages de mamans
Pour donner des pistes pour présenter ces sujets souvent plein d’émotions, j’ai demandé à des mamans ce qu’elles faisaient quand ils sont confrontés à des événements tragiques: Est-ce qu’elles en parlent, et si oui, comment le font-elles?
Voici leurs réponses éclairantes:
“J’ai eu à le faire l’an passé avec les attentats en France. Pour expliquer mes larmes à mes cocos – j’aurais voulu qu’ils ne les voient pas, mais ça a été incontrôlable.
On a eu la chance d’avoir un guide comme celui des Débrouillards qui avait été fait par Bayard Jeunesse France. Je l’ai lu avec eux et j’ai répondu le plus simplement possible à leurs questions ensuite. Ils avaient 4 ans et 5 ans et demi, alors c’est pas facile d’expliquer certains concepts et je ne crois pas qu’ils les aient bien saisis non plus. Le but était surtout qu’ils soient rassurés sur mes larmes.” – Véronique Lieutaud, collaboratrice Je Materne
“Oui, j’en parle beaucoup. Je suis quelqu’un de sensible qui est touchée par les événements tragiques. Mes enfants le sentent. Lorsque la télévision est ouverte à la maison, c’est souvent sur RDI (N.D.É. pour nos lecteurs mondiaux: un réseau d’information). Ils voient et entendent. Mon grand lit les grands titres. Il pose beaucoup de questions. J’explique simplement. La majorité des événements tragiques des dernières années sont causées par l’intolérance à la différence. Je le dis ainsi simplement. Certaines personnes ont peur de ceux qui sont différents et ne veulent plus qu’ils vivent. Ils font donc des choses horribles. Ça me permet aussi de parler des différences physiques, culturelles, croyances, façons de vivre et de l’importance du respect des autres.
Il y a quelques semaines, il y a eu l’histoire d’un grand-père pédophile avec sa petite fille. Je n’ai pas caché ce que c’est. C’est un grand-père qui touche sa petite fille et fait des choses inacceptables. On parle ainsi du respect de son corps et de la dénonciation même si ça vient de quelqu’un qu’on aime.” – Christine Marcotte, accompagnante à la naissance
“Ici oui, on vient de perdre ma grand-mère subitement… Mon grand a 4 ans, on y est aller doucement, a son rythme en ne brusquant rien. Mais toujours avec les vrais mots. Les premiers jours, on avait l’impression qu’il comprenait pas et tranquillement il a posé ses questions, il en a parlé à son éducatrice aussi. Pour nous, c’était important de dire la vérité, pas de long voyage, pas d’endormi pour toujours, pas de parti au ciel non plus.. On lui a dit, “Mamie était vieille, son cœur était malade, parfois les gens guérissent, mais pas toujours…” Il a assisté aux funérailles avec nous, il a eu de la peine au début puis est aller jouer dans un coin avec ses cousines et c’était parfait ainsi.” – Kariane Potvin
“Je n’ai jamais été de celles qui se tiennent informées de l’actualité. Si j’ai un journal à ma disposition, je vais le lire, tout comme j’écoute la radio en voiture, mais j’écoute rarement les nouvelles de mon plein gré. Par contre aujourd’hui, avec les médias sociaux, c’est assez difficile de ne pas être informé. Je trouve ça important que les enfants sachent ce qu’il se passe dans le monde et qu’ils apprécient la chance qu’on a de ne pas vivre de guerre ou de tueries. Je veux qu’ils sachent que tout ça existe, mais je ne veux pas leur faire peur non plus. Oui, ça pourrait arriver ici aussi, mais pour le moment, tout va bien. Les enfants sont de vraies éponges, ils enregistrent tout ce qu’ils entendent. J’ai par exemple été bien surprise quand j’ai vu mon fils jouer avec ses figurines et qu’il appelait une d’entre elle Jean Lapierre. Mais s’il l’a dit, c’est qu’il l’a entendu quelque part. Je pense que c’est mon devoir en tant que parent de les tenir informés et ça m’oblige par le fait même de m’informer aussi.” -Annie Laflèche, notre collaboratrice Activités pour enfants
“Mon aînée a 4 ans et n’a pas accès aux informations à la télévision mais elle va à l’école et donc en entend parler, en plus il y a régulièrement des militaires à entrée de l’ école donc forcément ça l’inquiète (nous sommes en France près de Paris). Personnellement je n’aime pas lui raconter des histoires, je préfère répondre à ses questions honnêtement et je m’arrête quand je vois qu’elle n’en demande pas plus… Mes petits eux sont encore trop jeunes pour imaginer que le mal existe
” -Marie Hdch
“Je viens de commander 2 livres sur le bouddhisme expliqué aux enfants (L’histoire d’Angoulimala, Contes bouddhistes pour enfants) qui prônent le contrôle de la colère et le maintien de la paix. Une courte lecture accompagnera notre routine matinale… Ça tombait un peu à point avec les attentats de cette semaine! J’en ai donc parlé à mes filles de 4 et 5 ans. Ma 5 ans était débordante de questions… surtout sur le ‘Pourquoi il a fait ça?’ Je lui ai expliqué que certaines personnes ont le cœur tellement rempli de colère qu”elles n’arrivent plus à la contrôler et font des gestes graves. Spontanément elle m’a dit ‘Maman, il aurait pu utiliser des mots pour dire sa colère à la place non?’ J’étais fière de son analyse de petite fille. Elle a demandé comment je l’avais appris et elle voulait savoir c’était quoi des ‘nouvelles’ alors on a allumé la télé… on voyait justement plusieurs photos du tueur. J’en ai profité pour demander s’il avait l’air méchant? Ma 4 ans a dit ‘Non pas du tout.’ Je leur ai dit que c’était le tueur en question… Elles étaient sans mot et je voyais leur petit hamster travailler hihi! J’ai fait un parallèle aux gens du parc ou dans la rue qu’on ne connaît pas et qui ont parfois l’air très gentil… mais ont un cœur rempli de colère et peuvent leur faire du mal… Bref! On a touché à quelques enseignements importants au passage. Une fois leurs questions terminées je crois qu’elles étaient satisfaites des explications.
” -Cinthia Labillois, notre collaboratrice Psychologie
L’important, c’est de se respecter sur le sujet.
Et s’affairer à semer des graines sur le respect, la communication, et le positivisme, pour un meilleur futur pour nos enfants.
Sources
How to Talk to Kids About Terrorism
Quand les tueurs ciblent la une
Merci beaucoup aux mamans qui ont donné leurs expériences sur le groupe Facebook Je Materne – Mamans adeptes de maternage
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