Adieu cellulaire, le temps est long et c’est parfait
Nous voilà, à scander que nos enfants vieillissent trop vite alors que nous sommes là à balayer un écran de la main pour faire passer le temps plus rapidement pendant qu’ils jouent près de nous…
J’étais emballée à l’idée de signer une nouvelle chronique sur la discipline positive, mais voilà, la première étape n’est probablement pas celle que vous attendiez.
Le problème de votre enfant se trouve peut-être dans votre main
C’est plus facile de chercher un défaut à l’autre que d’admettre ses torts, j’en suis consciente. Nous devons à nos enfants d’être suffisamment honnêtes envers nous-mêmes pour se questionner:
Et si votre enfant faisait tout pour avoir votre attention, simplement?
Je ne cherche pas à culpabiliser personne, je vous pose simplement la question suivante avant d’imprimer 5 tableaux de motivation et d’acheter 2 livres sur LA technique, ne vaudrait-il pas la peine d’essayer de simplement éteindre votre téléphone?
J’ai toujours su que c’était un peu un problème et vous savez probablement au fond de vous qu’agripper le téléphone sans même regarder bébé en le mettant au sein n’est peut-être la meilleure façon de profiter du “être parent”.
Mais notre cerveau s’habitue rapidement à toute cette stimulation et il en redemande. Aussi, le téléphone devient parfois notre seule source d’appartenance à une tribu virtuelle de parents. Un problème, c’est tout ce que nous manquons.
Les télés séries, les livres, tout sera encore là quand nous aurons 50 ans et que personne ne grandira sous nos yeux, ou plutôt près de nos yeux, masqué par notre cellulaire.
Observer son enfant, faire du yoga pendant qu’il joue dans la cour, faire le ménage plutôt que de s’en plaindre… Et si nous étions en train de manquer tout le bon côté d’être parent, trop occupés à regarder ce qui rend les autres heureux (et les jalouser?)
Et surtout, être là quand il tournera son regard vers nous…
Revenons en au problème de comportement de votre enfant.
LE gros problème avec cette distraction, c’est que ça nous empêche d’intervenir au bon moment. Lorsque nous sommes occupés à faire défiler le fil d’actualité, nous tombons en mode réactif.
Au lieu d’encadrer et d’accompagner nos enfants vers les comportements attendus, nous punissons, réagissons, remarquant seulement les comportements lorsqu’ils deviennent dérangeants.
Réagir c’est dire “Ça suffit! Lâche ta soeur!” à Jade en entendant Louise crier de dérangement plutôt que de remarquer que Jade cherche le bon moyen de manifester son envie d’avoir le jouet que sa soeur tient. Agir, c’est accompagner Jade à demander de la bonne façon et ensuite l’accompagner dans l’apprentissage de l’attente…
Nous pouvons, nous devons être leurs guides.
Ils ont besoin avant tout de notre présence attentive, de nous comme modèle pour connaître le fonctionnement, la normalité de notre famille, notre société. Ce qui est merveilleux, c’est que chaque fois qu’on prend le temps de modeler, d’accompagner, eh bien on ne s’en rend pas compte, mais on s’épargne des heures de gestion de conflits.
Une fois que notre enfant a intégré la bonne façon de faire, de fonctionner, il devient plus facile de vivre le quotidien avec lui.
Parfois, il faudra lui rappeler, resserrer notre accompagnement mais la plupart du temps, après quelque temps à toujours faire les choses de la même façon, ça devient la façon normal de le faire pour notre enfant. Rapidement, nous en venons à avoir des enfants très autonomes, qui savent comment se débrouiller dans différentes situations et font bien les choses.
Bien sûr, ça signifie devoir donner toute l’aide nécessaire au moment où ça compte vraiment au lieu de le laisser aller, même si parfois on a juste envie de s’asseoir tranquille. Par contre, ce moment que vous prenez pour le guider, ça vaut tellement la peine. Il est plus facile d’apprendre à l’enfant comment agir dès la première fois où il est confronté à une situation, plutôt que d’essayer ensuite de modifier sa façon d’agir… Mais lorsque nous sommes distraits, c’est difficile à appliquer.
Je ne suis pas contre le cellulaire, ça fait du bien ce soutien virtuel, mais avant de chercher une nouvelle technique pour modifier un comportement de votre enfant, ça vaut la peine d’essayer de revenir à la base: lui offrir de l’attention et du temps pour l’accompagner, le guider…
J’écris cette article avec un bébé endormi collé contre moi et je lui fais cet engagement silencieux: prendre le temps de me questionner avant de sortir mon téléphone pour passer le temps.
Parce que le temps, c’est leur enfance qui défile devant moi.
J’ai envie que le temps soit long, que son enfance dure le plus longtemps possible. Que les heures à la bercer s’étirent. Que ses rires s’éternisent.
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