Juger, être jugé, penser que l’on va être jugé… Nous passons une bonne partie de notre vie à critiquer, évaluer ce que l’on est, ce que l’on fait, ce que font et sont les autres. Nous jugeons comme nous respirons.
Le jugement est une fonction physique vitale lorsque grâce à lui nous nous identifions dans notre propre personnalité: en quoi je ressemble à l’autre et en quoi j’en diffère. Il devient polluant et néfaste lorsque nous jugeons l’autre dans un but de dégradation. Juger l’autre pour me sentir mieux, est une sorte de défense de l’égo pour améliorer sa propre situation.
Dans l’éducation traditionnelle nous sommes souvent en position de jugement de notre enfant: ce qu’il fait, dit, est est bon/mauvais, correct/incorrect, gentil/méchant… Et la pression insidieuse de la société à l’égard de la façon dont nous “éduquons” nos enfants y est pour beaucoup: nous voulons bien paraître, nous voulons que notre enfant “se tienne correctement”.
Le jugement est souvent très subjectif, relevant de notre histoire personnelle, de notre état de fatigue, de facteurs extérieurs et finalement toujours très éloigné du moment présent, de l’ici et maintenant.
Juger nous entraîne dans une spirale d’émotions négatives: on regarde notre enfant qui pique une colère, crie, pleure, se roule à terre… On sent l’exaspération monter en nous et 1000 pensée qui tournent en boucle dans notre tête:
“Pourquoi se comporte-t-il ainsi, je fais pourtant tout pour qu’il se sente bien? Pourquoi il me fait honte comme cela? Je dois être un bien piètre parent si mon enfant se comporte ainsi, j’ai tout raté avec lui, qu’est-ce que j’ai fait de mal pour avoir un enfant pareil…”
Tout ceci est très éloigné de l’observation neutre et de l’accueil du moment présent tel qu’il est, et non pas tel qu’on l’évalue.
L’observation est la clé
À essayer à partir d’aujourd’hui! Lorsque mon enfant se comporte d’une manière qui ne me convient pas, je ne réagis pas immédiatement à son comportement, avant toutes choses, J’OBSERVE. J’apprends à regarder seulement CE QUI EST sans aucune interprétation.
- J’observe la scène de l’extérieur, j’écoute pour entendre et pour comprendre.
- J’observe ce qu’il se passe en moi, ce que je vis: je sens un tiraillement dans le dos, ma gorge se sert, j’ai chaud, je tremble, j’ai envie de crier plus fort que lui, et autres.
Je laisse passer la vague: nous n’avons pas le choix de la situation, mais le choix de la réaction.
J’accepte ce moment comme il se présente, sans chercher à le définir en bien ou mal. Une fois cette période d’observation passée, nous pouvons être plus ouvert et empathique pour aider notre enfant à traverser cette tempête émotionnelle.
Tout ceci fait partie de la pratique de pleine conscience et je dois dire que j’ai vu la différence lorsque je prends le temps de méditer ne serait-ce que 10 minutes chaque matin: cela me permet de démarrer ma journée dans cette optique d’acceptation du moment sans jugement… Je m’observe alors moins réactive, plus réfléchie.
Le non-jugement c’est avant tout envers soi!
Avant d’entrer en empathie avec l’autre, il faut d’abord l’être envers soi:
“Je me suis énervée, j’ai haussé le ton, je suis la plus minable des mamans”…
Cela peut arriver! Et c’est normal. Il n’y a pas de parents parfaits: nous restons des humains. Les automatismes reviennent vite. Le non-jugement et l’attitude d’observation requiert une pratique assidue pour qu’elle devienne par la suite une habitude de chaque instants.
Il faut se rappeler que ce qui nous atteint, ce qui nous perturbe est avant tout un reflet de ce qui se passe en nous. Les attitudes des autres qui nous dérangent réaniment chez nous des souvenirs inconscients, des émotions mal digérées. C’est intéressant de pouvoir les observer pour progresser dans notre connaissance de nous-même:
“Cela m’énerve lorsqu’il fait cela”… Intéressant… Qu’est-ce que cette émotion veut me dire?
5 avantages de pratiquer le non-jugement
1. Réagir par le jugement, se laisser emporter par nos émotions nous affaiblit. Nous allons dépenser une énergie folle en pensées, en colère. Les hormones du stress vont se répandre partout dans notre corps. Or en tant que parent dont les nuits sont souvent ponctuées de réveils plus ou moins long, nous avons grandement besoin de conserver notre précieuse énergie pour nous. Alors restons calme, favorisons les hormones du plaisir et OBSERVONS avant d’agir.
2. Rester en observateur nous permet d’envoyer une énergie calme, une sorte d’invitation à la détente vers notre enfant. Même si cela ne parait pas immédiatement, il est fort probable que la crise durera moins longtemps que dans le cas où chacun commence à se renvoyer son stress comme une balle de tennis.
3. En restant dans le moment présent, sans chercher à le modifier, à le juger, l’enfant se sent accueilli comme il est. Il sera alors plus apte à reproduire ce type d’attitude lorsqu’il va grandir: il observera les moments de stress avec calme et justesse. N’oublions pas que les enfants apprennent par mimétisme.
4. On réalise que notre réalité n’est souvent pas LA réalité. Notre enfant ne hurle pas juste pour nous embêter. On apprend à mieux le comprendre et à mieux l’accompagner. Nous réagissons avec réflexion et recul, cela nous permet de faire des choix plus éclairés sur la façon dont on va gérer la crise. En réagissant de façon plus posée et réfléchie on évite ainsi la culpabilité qui nous ronge lorsque nous avons une attitude en réaction vive et immédiate.
5. On apprend à mieux se connaître, ce qui est l’un des piliers de la confiance en soi. Notre enfant apprend également à mieux appréhender ses émotions et donc à mieux se connaître lui aussi… Et à prendre confiance en lui.
“Si tu es pressé…Fais un détour.”
-Proverbe japonais
Prenons le temps!
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