Dans mes jeunes années, je pensais que le féminisme était mort, que la cause était gagnée et qu’il n’y avait plus matière à manifester ou à revendiquer quoi que ce soit. Eh bien, j’ai eu la preuve du contraire quand j’ai donné naissance à ma fille.
Quand elle est arrivée dans ma vie, je me suis sérieusement posé la question:
Mais comment élever une fille en 2018?
(Oui j’ai demandé à Google, mais même Google ne sait pas ces choses-là…)
Ça peut sembler banal, mais la question est légitime. Comment vais-je lui apprendre le respect de son corps, respect de son être? Comment diable vais-je la protéger contre les innombrables abuseurs, contre les réseaux sociaux, contre le bombardement d’images de mode? Comment vais-je faire pour qu’elle accepte son corps tel qu’il est? Comment vais-je faire pour qu’elle s’aime et qu’elle ait une bonne estime d’elle-même?
Il existe une manière de lui apprendre à différencier les gens qui lui veulent du bien de ceux qui lui veulent du mal?
Y a-t-il un livre ou des ressources qui m’aideraient à lui apprendre ce que c’est qu’être une femme? Y’a-t-il une école qui saurait lui enseigner comment dire non, comment affirmer ses choix?
Je me suis demandé dans quel pays je pourrais l’autoriser à voyager et quel endroit du globe je devrais la décourager de visiter. Je me suis posé la question sur le code vestimentaire à observer pour que jamais elle ne soit trop exposée. Qu’est-ce que ça veut dire TROP exposée?
Est-ce naturel qu’aujourd’hui des parents se questionnent sur ces choses que parce qu’ils sont parents d’un nouveau-né qui, par le hasard des choses, est une fille?
Mon bébé ne sait même pas encore dire “maman” et déjà j’envisage tout ce que l’avenir sera pour elle, et pourtant nous ne sommes pas dans un pays en voie de développement. Nous sommes dans un pays où les femmes ne devraient pas avoir peur d’être qui elles sont.
Nous vivons dans une région du monde où les jeunes filles ne devraient jamais être traitées différemment qu’un garçon et pourtant je m’interroge; comment élever ma fille! De quelle façon la protéger. La protéger des pédophiles, des grossesses non désirée, de la discrimination, des maladies sexuellement transmissibles, de la traite des femmes, de l’esclavagisme sexuel, de la drogue du viol, de l’iniquité salariale et de toutes ces choses qui la guettent parce que c’est une fille.
Je me suis mise à chercher un moyen de la mettre en garde sans lui faire peur. Je me suis mise à interroger ma propre mère:
“Dis-moi ce que tu as fait pour nous élever dans la prudence sans fissurer ce fragile sentiment que tout est possible pour nous aussi?”
Non, le féminisme n’est pas chose du passé parce que nous avons encore des filles. La naissance de mon bébé m’a apprise que la lutte des femmes ne se fait pas pour soi, mais pour celles qui suivront. Ce n’est pas non plus la haine de l’homme, bien au contraire, c’est plutôt un cri du cœur. C’est surtout les craintes d’une mère.
Et j’ai voulu écrire ces mots, car jamais on ne parle de ces peurs-là. J’ai voulu partager ces mots avec toi, parce que toi aussi tu es mère d’une petite fille.
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